OBSERVATOIRE SOCIAL MEDITERRANEEN

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L'analyse factorielle des correspondances multiples appliquées à la banque de données T.R.A.I.S.E.

Par Nicole Lironville, chargée d'étude à l'O.S.M.

2 L'analyse des résultats dans une zone urbaine.

L'analyse du tableau des communes de plus de 5000 habitants met en évidence une opposition nette sur le premier axe entre les arrondissements de Marseille et des zones résidentielles Si-tuées au pourtour de zones urbaines (Salon, Aix, Aubagne, Marseille, Martigues).

Ce premier constat nous conduira par la suite à étudier séparément les arrondissements de Marseille et les autres principales communes du département.

1- POURTOUR URBAIN

Sur la zone de pourtour urbain, il s'agit d'une population qui, entre 1982 et 1990, aurait migré pour accéder à des logements individuels. Le taux de logements sociaux y est faible voire nul. Le parc de maisons individuelles dans l'ensemble des résidences principales varie de 61 à 95% dans ces communes (département = 35%), le taux de propriétaires évolue entre 62 et 81% (département =49%).

Si l'on retient la possession de deux voitures ou plus comme signe extérieur de richesse des ménages, 16 communes sur 17 atteignent des taux supérieurs à celui du département.

On y trouve une population relevant de façon majoritaire de la catégorie des professions intermédiaires, travaillant hors de sa commune de résidence. La population des tranches d'âge 40-59 ans est plus élevée qu'ailleurs. Le recours au redressement judiciaire pour des situations de surendettement est également plus courant. Au plan national, 66% des jugements font état d'au moins un crédit immobilier. Compte tenu du taux de propriétaires sur ces communes, on peut penser qu'il existe un lien direct entre ces deux indicateurs, redressement judiciaire et parc résidentiel. La population étrangère y est faiblement représentée. Comme on peut s'y attendre les familles économiquement précaires y sont peu nombreuses (familles CAF à bas revenu, chômeurs non indemnisés, élèves boursiers).

De manière générale le chômage est plus faible qu'ailleurs. Les personnes en recherche d'emploi sont essentiellement issues du secteur du commerce.

Ce sont des communes où l'équipement éducatif est quasiment inexistant, ce qui explique un faible nombre de postes d'instituteurs et de projets d'action éducative, ce qui peut également être lié à un taux de retard scolaire du CP au CM2 moins important qu'ailleurs.

Le taux de criminalité globale est plus faible sur ces communes, de même que la part des faits délictueux imputables aux jeunes. Le personnel social est peu présent sur ces zones.

Si l'on se réfère à la typologie des communes mise au point par Nicole Tabard, les zones si-gnalées par l'axe 1 relèvent de "communes inter-médiaires" et de "communes résidentielles" (9 sur 17 soit 53%), de "communes classes moyennes" et de "communes ouvrières les plus qualifiées (6/17 soit 35%).

II - ARRONDISSEMENTS DE MARSEILLE

La zone urbaine de Marseille qui s'inscrit en opposition de ces communes où l'activité économique est peu développée, concerne les arrondissements traditionnellement repérés comme occupés par une population défavorisée (1,2,3,13,14,15,16).

Ces unités géographiques sont caractérisées par une population d'employés et d'ouvriers importante. Les catégories socio-professionnelles relevant de l'agriculture, de l'artisanat, du commerce et des professions intermédiaires sont faiblement représentées.

Les demandeurs d'emploi résidant sur ces arrondissements s'inscrivent dans les secteurs d'activité de l'industrie, du BTP et des services. Globalement les personnes en recherche d'emploi sont plus nombreuses qu'ailleurs, et parmi celles-ci, le chômage de longue durée est aussi plus fréquent. Cette situation de précarité est aussi confirmée par un taux de chômeurs non indemnisés élevé, ce qui est significatif, indépendamment de l'absence de revenus professionnels, d'une occupation antérieure d'emplois très précaires. Un manque de mobilité de ces résidents est repérable par un faible taux d'actifs travaillant hors de leur commune de résidence.

Sur ces arrondissements on note également une forte proportion de population étrangère et de personnes âgées de plus de 60 ans. Le taux de familles monoparentales y est élevé. Ces différents éléments laissent supposer l’existence d'une population isolée importante (immigration individuelle, personnes âgées vivant seules, structure familiale incomplète).La précarité économique est élevée sur ces arrondissements (familles allocataires de la CAF dont le quotient familial est < 2500 F, chômeurs non indemnisés, élèves boursiers du secondaire, familles sous tutelle). En matière d’aide sociale et familiale, le recours est plus important qu'ailleurs bénéficiaires du RMI, de l'ALF, de l'ALS, de l'AAII. Les demandes d'admission à l'Aide Médicale Générale ainsi que les effectifs d'enfants de 0 à 6 ans suivis en PMI sont plus nombreux qu'ailleurs ce qui traduit une recherche plus forte de la gratuité des soins dans un contexte de précarité accentuée. L'offre de personnel social et éducatif de la DISS, le personnel de la PJJ, de l'ADDAP, de l'APEC et de la Maison de l'Apprenti est également plus développée ici.

Les enfants placés ou bénéficiaires de l'ASE ou encore de moins de 15 ans hospitalisés en secteur public sont aussi plus nombreux ce qui traduit les difficultés éducatives ou gestionnaires des familles résidant sur ces arrondissements.

Si sur ce secteur, le taux de logements sociaux est élevé, le taux de logements vacants est aussi important ce qui, entre autres, exprime une image négative de ces quartiers pour la population qui d'ailleurs voit son effectif décroître. De fait, la part des logements conventionnés, c'est à dire répondant à des normes d'habitat, reste à un niveau moyen, l'effort d'amélioration n'est donc pas suffisant pour contrecarrer cette représentation.

Par ailleurs, les difficultés scolaires exprimées par un taux de retards élevé ( 2 ans ou plus dans le primaire), sont bien prises en compte par l'Education Nationale qui affecte sur ces zones un encadrement supplémentaire dans le primaire et dans les collèges plus important en nombre qu'ailleurs. Cependant, l'offre en classes de rattrapage du primaire et en cycles d'insertion des jeunes souhaitant passer de l'enseignement à la vie professionnelle y est moyenne.




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